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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 11:20

Je relaie le COMMUNIQUÉ DE PRESSE du 17/02 dernier de l'équipe des éditions tahin party :

 

LA PRISE EN COMPTE DES ANIMAUX N'A PAS BESOIN D'UNE CAMPAGNE D'AFFICHAGE RACISTE !


Les éditions tahin party ont publié dès leur fondation plusieurs livres contre le spécisme, et le collectif éditorial se perçoit comme une composante du mouvement pour l'égalité animale, lui-même partie d'un mouvement plus large visant à prendre en compte les intérêts des animaux non humains. Nous pensons la lutte pour les animaux dans la continuité des luttes pour l'égalité entre humain-es.

 

C'est donc en tant que défenseurs des animaux que nous tenons à réagir à la campagne d'affichage contre « l'abattage rituel » lancée par la Fondation Brigitte Bardot, l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir, la Confédération nationale des SPA, la Protection mondiale des animaux de ferme, etc.

 

De quoi s'agit-il ?

 

Sur une première affiche, représentant une vache : « Cet animal va être égorgé à vif sans étourdissement et dans de grandes souffrances. C'est ça, un abattage rituel ».

 

abattagerituelhanlalcash.jpg

 

Plus bas, un deuxième texte désigne plus clairement les cibles : « Les sacrifices Halal et Casher ne doivent pas devenir la norme en France ». La deuxième affiche représente une petite fille, la peau blanche et les grands yeux gris de l'innocence, dont on nous dit : « Laura ignore manger Halal ou Casher. Pourtant on lui impose ». « 60% des animaux égorgés rituellement, sans étourdissement et dans de grandes souffrances, se retrouvent sans étiquetage dans vos rayons. »

 

abattagerituelhalalcashff.jpg


Selon la loi française, certains animaux sont censés être étourdis avant d'être abattus. Cette loi a pourtant prévu des exceptions, notamment dans le cas où l'étourdissement semblerait contraire à des prescriptions religieuses. C'est contre cette exception particulière que cette campagne d'affichage est dirigée.

 

Rituels français et rituels capitalistes

 

Pourtant, et pour ne citer que quelques exemples :

 

­Dans les abattoirs « français », les ratés de l'étourdissement sont légion. Par exemple, on estime à 10% le nombre de lapins qui arrivent à la saignée mal étourdis, voire pleinement conscients.

 

­Les poulets mangés par les « Français » sont en énorme majorité élevés en batterie, où leurs conditions de vie sont si dures qu'on doit leur épointer le bec pour éviter qu'ils ne s'entretuent. Ces mêmes poulets sont envoyés à l'abattoir après un an et demi de calvaire. Le transport et la mise à mort se font aussi dans des conditions insupportables.

 

­Les millions d'animaux tués dans les fermes pour consommation « familiale » ne sont que rarement étourdis.

 

­Des millions de pigeons et de cailles sont tués de façon atroce par la décompression soudaine dans des « caissons à vide ».

 

Les dizaines de millions de poussins mâles surnuméraires (poules pondeuses) sont éliminés en masse (écrasés au rouleau compresseur, etc.) sans qu'il soit question d'étourdissement.

 

­La production du foie gras (82 millions de canetons concernés par an ; la moitié, les canetons femelles en ce cas, éliminée en masse) implique un gavage qui relève de la torture pour les oies et les canards, mené jusqu'au point où le taux de mortalité exploserait et ferait baisser la rentabilité.

 

­Le nombre de poissons pêchés échappe à tout le monde, puisque seul le poids est évalué. On estime qu'il s'agit de centaines de milliards d'animaux chaque année. Chacun de ces poissons meurt de suffocation, ou de manière pire encore : mutilation par les filets, etc.

 

Il ne s'agit là que d'exemples. Ils montrent pourtant déjà que la tradition « française » la plus ancrée, le rituel du capitalisme le plus « occidental », produisent une quantité de souffrance animale auprès de laquelle l'abattage rituel judaïque ou musulman semble hélas bien anecdotique.

 

Le site qui accompagne la campagne d'affichage ajoute la manipulation suivante : si l'abattage rituel est présenté sur une vidéo très explicite, l'abattage avec étourdissement est présenté par une suite de trois schémas monochromes qui lui enlèvent toute forme de violence. La viande mangée par les musulmans et les juifs serait donc le fruit de la barbarie, alors que celle que mangent les « bons Français » (bien informés par l'étiquetage revendiqué par cette campagne) serait une viande produite sans douleur, où l'abattage n'a rien d'un meurtre, où le sang est absent.

Cette campagne seconde parfaitement la présentation des chairs en barquettes plastique sous cellophane dans la tâche de faire oublier que la « nourriture » qu'on achète a été un animal vivant et sensible.

 

Une campagne raciste

 

Dans ces conditions, une campagne d'affichage sur le thème spécifique de « l'abattage rituel » n'a vraisemblablement pas grand chose à voir avec une réelle campagne pour le bien-être animal, mais sans doute bien plus avec un discours de stigmatisation de populations humaines.

 

Il y a même fort à parier que cette campagne va se révéler contre-productive du point de vue de l'ensemble des animaux massacrés pour leur chair, dans la mesure où focaliser sur des pratiques de populations déjà stigmatisées permet au reste de la population d'atténuer ses scrupules concernant ses propres agissements.

 

Ces dernières semaines, les médias présentent de nombreuses analyses où les commentateurs montrent que dans les restructurations idéologiques des extrêmes-droites européennes, le musulman a remplacé le juif en tant que corps étranger, barbare et hostile à la nation. Les signataires de cette campagne surfent sur l'antisémitisme le plus classique, allié à l'islamophobie la plus moderne.

 

Alors ?

 

Il semble que l'abattage rituel ait été institué jadis pour diminuer les souffrances des animaux tués. Ainsi, les religieux juifs et musulmans semblent en réalité partager avec les signataires de la campagne la préoccupation du bien-être animal. Or, au 21e siècle, où l'on sait très bien comment se nourrir sans viande, le meilleur moyen de diminuer les souffrances des animaux est encore de ne pas les tuer du tout.

 

Chiche ?


Collectif éditorial tahin party

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commentaires

S
<br /> Yves Bonnardel, du collectif des éditions tahin party, ayant reçu beaucoup de courriels suite à ce communiqué, a apporté des éclaircissements que je vous transfère ici (Yves étant, comme tout<br /> militant des droits des animaux, débordé de travail, je prends l'initiative de copier-coller son texte dans ce commentaire) :<br /> <br /> "bonjour,<br /> <br /> j'ai reçu beaucoup de réponses à mon mail faisant suivre le communiqué des éditions tahin party (que je vous remets en fin de mail, pour rappel).<br /> <br /> Du coup, je vous envoie un mail de clarification de ma part (et non celle des éditions), circulaire, pour ne pas réécrire la même chose à tout le monde (des dizaines et des dizaines de mails).<br /> Parfois, ça va tomber à côté de ce que vous m'avez écrit, dans la mesure où je fais une réponse "standard" ; ça ne fait rien, ça me permet de préciser ce que je pense et de vous le communiquer.<br /> <br /> Certains reprochent à ce communiqué de traiter des gens de bonne foi de "racistes" ; mais aussi de faire l'impasse sur l'abattage sans étourdissement, comme s'il n'était pas grave.<br /> <br /> Peut-être ce communiqué est-il maladroit lui aussi. Il résulte néanmoins d'une indignation vis-à-vis de cette campagne qui est partagée pas de nombreuses personnes animalistes ; j'ai reçu de<br /> nombreuses "réponses" de soutien à ce communiqué.<br /> <br /> Une campagne non soupçonnable de flirter avec la vague de racisme actuel aurait pu être faite en attaquant l'abattage sans étourdissement en général, et non seulement en particulier les abattages<br /> rituels halal ou casher ¬ qui ne sont qu'une partie des abattages sans étourdissement et qui ne concernent pas même la majorité des animaux abattus sans étourdissement.<br /> Ne pas faire référence explicitement aux dérogations religieuses aurait permis de surfer sur la vague d'indignation concernant ces abattages-là (puisque ce sont les seuls à l'heure actuelle à être<br /> portés à l'attention du public) en demandant dans la foulée que ce soient tous les abattages sans étourdissement qui soient interdits.<br /> De façon très contreproductive, en nommant au contraire ces abattages halal et casher sans étourdissement comme le fait la campagne critiquée, elles ancrent l'idée que "abattage rituel" signifie<br /> nécessairement "sans étourdissement", alors qu'au contraire, c'est cette idée que l'un implique l'autre qui est à combattre si on veut convaincre les croyants juifs et musulmans.<br /> <br /> Mais la campagne ne cherche à convaincre ni les juifs ni les musulmans : elle s'adresse implicitement aux "Français" en mettant en scène la jeune fille Laura ; elle ne demande d'ailleurs pas aux<br /> "Français" d'interdire l'abattage sans étourdissement, mais seulement de l'étiqueter. Ce qui me paraît contre-productif aussi : c'est instituer un peu plus profondément dans les moeurs l'abattage<br /> sans étourdissement, tout en permettant aux consommateurs s'ils le veulent de "se démarquer", au lieu de demander son interdiction au nom du bien-être des animaux. Ça revient à faire de ce<br /> bien-être une décision personnelle de chaque consommateur, qu'en fonction de sa sensibilité ou de son porte-monnaie il concrétisera librement à chaque achat. Très paradoxalement, c'est<br /> symboliquement donner le feu vert à l'abattage sans étourdissement, tout en le stigmatisant en même temps. Alors qu'on devrait exiger comme la moindre des choses que la société tout entière se<br /> prononce pour l'étourdissement obligatoire et généralisé et donc l'interdiction des mises à mort en pleine conscience (de l'animal). Demander l'étiquetage, ici, c'est d'une certaine façon capituler<br /> (on a déjà l'exemple parlant de la lutte contre les ogm, perdue politiquement lorsqu'elle a accepté l'octroi d'un étiquetage spécifique), et c'est contribuer à stigmatiser ces abattages-là (halal,<br /> casher), alors qu'ils ne constituent qu'une petite partie des abattages sans étourdissement.<br /> En ne s'adressant pas aux juifs ni aux musulmans, cette campagne les met de côté, les compte pour quantités négligeables (ils sont quelques quatre millions je crois en France, peut-être même plus<br /> !) et risque de les "bloquer" dans une attitude défensive, dans une attitude bien compréhensible de repli identitaire contraint : elle cherche à leur imposer de l'extérieur une contrainte<br /> spécifique, qu'ils ne peuvent eux-mêmes que prendre comme une attitude inspirée par un racisme intégré (pas forcément conscient), un "communautarisme majoritaire".<br /> <br /> Effectivement, le communiqué peut laisser entendre que les assos signataires de cette campagne sont racistes ; pourtant, le communiqué affirme que c'est cette campagne qui est raciste, et que les<br /> assos signataires, non pas nécessairement sont racistes, mais surfent sur la vague actuelle de racisme ; pour ma part, je ne pense effectivement pas que les concepteurs de la campagne aient voulu<br /> consciemment cela, et c'est une faiblesse du communiqué que de pouvoir éventuellement le laisser entendre.<br /> Je ne pense pas qu'ils sont "mauvais" ; je pense qu'ils n'ont pas assez réfléchi à leur campagne, à ce qu'elle véhicule, et au fait qu'elle ne peut que renforcer encore le racisme déguisé qui se<br /> développe pleinement ces derniers temps. C'est dans le contexte actuel que cette campagne prend une coloration raciste.<br /> Je pense à vrai dire, que cette campagne est contre-productive pour les animaux eux-mêmes (peut-être même pour les animaux égorgés de façon rituelle eux-mêmes, sans même parler des autres), et que<br /> c'est le fait de rester prisonnier d'un racisme intégré, inconscient, qui a amené à cette campagne calamiteuse.<br /> <br /> Enfin, la phrase de fin de communiqué qui dit qu'il semble que les croyants juifs et musulmans partagent le soucis du bien-être animal est à prendre à mon avis de façon un peu humoristique, voire<br /> sarcastique : c'est prendre pour argent comptant l'argument donné couramment par leurs défenseurs pour justifier les types d'abattage rituels (et il est probable qu'ils ont été institués il y a<br /> plus d'un millénaire pour effectivement encadrer les mises à mort, de façon à réduire les cas de meurtres faits sans aucun soucis de l'animal). C'est prendre cet argument au sérieux (mais avec<br /> humour), pour arriver à la conclusion qu'il faut arrêter de manger des animaux !<br /> <br /> Enfin, dernière chose : il ne s'agit pas de jeter l'anathème sur des gens, ou des assos. Je trouve pour ma part certaines actions de la FBB tout à fait pertinentes et utiles. Il s'agit simplement<br /> d'engager un débat sur les modes d'action ; si on ne discute pas de façon contradictoire, on ne pourra pas longtemps travailler ensemble... Dans le cas précis de cette campagne, je ne vois pas<br /> comment ne pas clamer mon désaccord ¬ le point me semble trop important pour être passé sous silence, et je n'ai pas envie par exemple qu'une importante partie de la population considère que se<br /> soucier des animaux fait nécessairement le lit du racisme.<br /> Ce n'est pas d'une union sacrée qu'on a besoin, mais d'un mouvement animaliste vif, divers, dont les discussions polémiques servent l'action, et servent tout particulièrement à abandonner des voies<br /> qui ne sont pas défendables, qui nous divisent ou qui sont contre-productives, pour en trouver ensemble de meilleures.<br /> <br /> Voici ma lecture du communiqué des éditions tahin party.<br /> <br /> yves"<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci beaucoup de nous faire partager votre avis, Babeth. Ce qui est clair, c'est que cette campagne ne laisse pas indifférents les militants comme les non-militants ! Pour ma part, je rejoins<br /> l'opinion du collectif même si je trouve que le texte aurait pu d'abord valoriser les assos accusées, afin de reconnaître leur valeur et afin, surtout, de ne pas laisser entendre à nos<br /> "adversaires" que les militants de la cause animale - qu'ils soient essentiellement dans la "protection animale" comme pour les assos pré-citées, ou pour les "droits des animaux" comme ceux de<br /> tahin party, ne se tirent pas dans les pattes.<br /> Par ailleurs, Je suis OK sur le fait de dénoncer certaines pratiques MAIS en rappelant que même en-dehors de ces pratiques, l'horreur est de mise et les "bonnes" règles, le + souvent<br /> inappliquables. Ceci dit, ça fait beaucoup de choses à intégrer dans une campagne d'affichage... et il est clair que communiquer sur ce sujet n'a rien d'évident.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je ne suis pas d'accord avec Tahin, c'est bien dommage de faire ce procés d'intention.<br /> Quand des organisations WSPA, One Voice ou d'autres dénoncent des cruauté spécifiques partout dans le monde ( tuerie des buffles au Nepal, tauromachie,ect...), il ne leur est pas reproché d'être<br /> raciste ou intolérant vis à vis de cruelles cultures religieuses, alors pourquoi dans ce cas?<br /> La fondation Brigitte Bardot a fait un travail énorme depuis de longues années pour les animaux , elle ne fait pas de démagogie , elle fait des campagnes chocs qui dérangent et tant mieux pour<br /> l'efficacité.<br /> Oui biensûr je suis d'accord toute forme de cruauté est intolérable mais il existe malheureusement des degrés plus fort de cruauté et cette campagne vise à les dénoncer.<br /> Merci au courage de la fondation BB qui ne se fait pas des amis dans le "politiquement correct".<br /> <br /> <br />
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S
<br /> C'est vrai qu'on a beau vouloir défendre les animaux, on ne fait pas toujours dans la dentelle...<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Ouf !<br /> <br /> <br />
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  • : Le blog d'une [entre autres] orthophoniste-nouvelliste-essayiste ET militante pour l'abolition de l'exploitation animale.
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