Je reviens sur ce billet de février : Dans le miroir.
Je n'avais pas tout écrit. Et voilà que ce matin, tout le reste sort en vrac...
Dès lors que l’on veut exploiter un autre, on le rabaisse, on le dénigre, on lui enlève de la valeur, car s’il avait la même valeur que soi, alors comment oserait-on l’exploiter (et le tuer) sans se sentir dégueulasse ? Et plus on exploite, c’est-à-dire, plus on avance dans les méfaits commis sur l’autre, alors plus, pour se préserver de toute culpabilité, il s’avère nécessaire – vital –, d’ajouter à la violence de l’exploitation une autre violence, puis une autre, et encore une autre, en progressant toujours davantage dans l’échelle du sadisme et de l’horreur. Car chaque souffrance de plus infligée à l’autre est justement là pour nier la souffrance précédente et la culpabilité qui pourrait en résulter : en effet, si j’en arrive à commettre tel acte, c’est que tous les autres qui ont précédé n’étaient pas importants, et que cet individu là, devant moi, n’est qu’une merde, ou qu’un caillou, qu’un élément insignifiant appartenant à la masse des éléments insignifiants qu’il me faut désormais encore et encore écraser, pulvériser, pour me prouver que j’ai raison, pour oublier l’infamie des monceaux de souffrances que j’ai créés sur mon passage.
Voilà pourquoi l’exploitation des êtres doués, tout comme moi, de sensibilité, de conscience et de désirs, ne peut être que cruelle. Peut-être, cas d’une petite exploitation individuelle pour convenance personnelle, n’y aura-t-il pas d’escalade dans la cruauté. Mais qu’on élève un animal avec pour finalité de le manger ne me fera jamais croire qu’on l’aime autant qu’un chien avec lequel on vit rien que pour le plaisir avec, parfois, tellement la complicité qui s’installe est forte, la crainte récurrente de le perdre un jour.
Qu’on élève un animal avec pour finalité de le manger ne me fera jamais croire qu’on l’aime et le respecte.
Ma mère, fille de fermier, avait une tante dont l’une des poules, une petite blanche, avait su se faire aimer d’elle [la tante, pas ma mère]. Elle passait de longs moments sur ses genoux, à lui faire des câlins. Celle-ci, vous en doutez-vous ? n’a pas fini au four.
Tout comme L214 (http://www.l214.com/poules/petition), l'asso belge Gaia lance une campagne Stop aux œufs de batterie (que pour ma part je préfére appeler œufs d'élevages intensifs concentrationnaires). D'un simple clic, agissez pour que cesse bientôt cette existence extrêmement douloureuse infligée aux poules : http://www.boycot-cot.be/
Plus d'infos sur les poules pondeuses : http://www.l214.com/poules