Cette après-midi je suis allée rendre visite à mes nouveaux voisins, des bouchers à la retraite. Je les aime beaucoup, nous parlons souvent ensemble, avons bien des points en commun.
Cependant, comme ils me proposaient de partager leur repas – poisson et coquilles Saint-Jacques – je répondis à Pierre : Mais non ! Tu sais bien que je ne mange pas de poisson !
Pierre, méga étonné : Quoi ? Même pas de poisson ?
Anne, sa moitié : Mais oui, tu sais bien !...
Moi : Aucun produit animal ou issu d'un animal !
Pierre : Pas de fromage ???
Moi : Pas de fromage ni de beurre ni aucun produit issu de l’exploitation animale. Même pas de cuir ni même de laine ! Ni cosmétiques ni produits ménagers testés sur les animaux !
Pierre, pour le coup vraiment interloqué (et pourtant c’est pas la première fois qu’on en parle) : Mais c’est secte !
Moi : Mais non c’est pas une secte !
Anne : Pierre n’a pas dit secte mais sec !
(Wouaaaaaah ! C’est tellement exceptionnel que j’en sauterais presque de joie : sec, pas secte !!!)
Moi : Je vais vous expliquer, vous allez voir, ça tient en 3 phrases, c’est très simple à comprendre.
Si je vous dis : Les animaux que nous avons coutume d’exploiter sont des êtres conscients et sensibles à la douleur et au plaisir, êtes-vous d’accord ?
Tous les deux : Bah... oui !
- Aucun individu n’aime être exploité ; êtes-vous d’accord ?
- Oui…
- Eh bien, pour ces deux raisons, et parce que l'on peut mener une vie heureuse sans exploiter ni tuer d'animaux*, je boycotte l’exploitation animale. Je refuse de consommer des produits issus de cette exploitation et je milite avec d’autres personnes pour que cette revendication soit entendue par les médias, les citoyens, les politiques.
[*Était-ce nécessaire de préciser "heureuse" ?...]
Je crois qu’aujourd’hui, Pierre et Anne ont enfin compris mon positionnement. Parce que, grâce au petit exercice, certes laborieux, auquel nous nous sommes livré-e-s dernièrement, je réussis enfin à expliquer le truc – l’antispécisme et le combat pour l’abolition de l'exploitation animale – encore plus limpidement qu’auparavant.
Je crois que non seulement ils ont compris, mais qu’Anne a pu aussi exprimer quelque chose de son ressenti : Je suis d’accord, bien sûr. Le problème, c’est les habitudes, c’est culturel, c’est qu’on nous dit de manger ça et ça, et puis c’est les pub’… Parce qu’en fait, certainement que beaucoup de gens pourraient abandonner la viande, si…
Je lui ai répondu que c’est bien ce pourquoi nous militons : pour une prise de conscience collective et politique. Et de parler des bâtons dans les roues que le gouvernement nous met : le CIV dans les écoles, le décret de restauration scolaire… Là, Pierre, carrément en colère, explose : Mais c’est une atteinte à la liberté de pensée !!!
Et là, tous les deux, on se rejoint complètement.
Bref. Cette après-midi, j’ai papoté avec mes voisins.