The sick girl, de Michael Ancher
Rien ne me rend malade
À part les mots de fiel
Ce n’est pas « un coup de froid »,
Jamais
Ou bien oui : « un coup de froid »,
Mais pas à cause du temps
« Un coup de froid » comme pour dire que de stupeur, ou de « trop c’est trop », je me glace
Rien ne blesse mon corps davantage
Que les mots qui semblent me dire
Sans jamais me dire
Que ceux qui sur moi se déversent
Sans jamais me voir, s’acharnant à me nier
Ces mots-là servent juste à leur auteur-e
À lui donner un ersatz de sentiment d’existence
Des mots pleins de promesses vides
Que je n’ai pas demandés
Mais qui s’enroulent autour de moi m’étouffant de leur sucre
Avant de me vomir soudain
Pour mon malheur, je suis sensible aux mots
Sensible ?
Bien plus que cela
Les mots sont pour moi comme des microbes
Certains indispensables, d’autres très dangereux
Des mots-bactéries, des mots-virus
Ceux qui ne sont pas transparents me glacent
Ceux qui s’acharnent à nier le « plus que un » m’achèvent
M’arrachent ma voix
Me laissent muette, malade.