[Un billet dans le même style que le précédent. Vous êtes prévenu-e-s !]
Depuis des années je rêve de temps à autre que j’ai tué de la manière la plus sadique, découpé et scié le cadavre en tout petits bouts, petits bouts jetés éparpillés dans diverses poubelles d'immeubles ou conservés à l'intérieur d'une boîte tout au fond d’une cave qui serait mienne. Cette nuit ma mère allait découvrir ce cadavre ; une fois de plus j’étais aux prises avec la terreur d’être démasquée, de soudain inspirer Le Dégoût tel un monstre de cruauté et de mensonge, et que ma courte existence s’achève dans une prison. Une fois de plus en plein cauchemar j’ai pris la mesure de mon passé, incrédule, ne parvenant pas à m’imaginer comment j’avais pu un jour (quand, d'ailleurs ?) m’acharner sur ce type, ni pourquoi. Au sortir du sommeil, j’ai mis plusieurs minutes avant de réaliser, de me souvenir que non, de pareil crime, je n’avais pas commis.
… À moins que ?...
Des extraits de mes nouvelles que, avec d’autres personnes, j’interpréterai bientôt sur scène, ont resurgi : […] je ne sais pas pourquoi / je ne sais rien de moi / ma tête verrouillée / mon passé mis sous clé […] ; […] ils ne savent rien de moi […] …
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour qu’Interpol* me coffre enfin ? Pour que (tentative débile) cesse une bonne fois pour toutes cette montagne de culpabilité, ou bien pour déverser un peu dans l’écriture des décennies de fiel jamais craché sans compter cette année 2011, bon D. de m., vraiment à ch... [par certains côtés, d'autres ayant été magnifiques] ???
… Ou, peut-être, comme une longue introduction à ce qui va suivre : tant de rancœurs, de frustrations et déceptions, d’in-jus-tices ! qu’on aimerait pouvoir déposer là, sur le papier de verre bloguesque, histoire de se venger, d’étaler au grand jour ce qui selon nous ne va pas, nous a blessée et trahie. Ceux qui. Les salauds ! Les connasses ! Mais non. On ne dira pas. On ne révélera rien. On sait trop que salir les autres c’est se salir soi. Beurk. On aura fait une circonvolution de plus, hop là ! ni vue ni connue, à l’aise Blaise et tout le toutim, pour balançotter un peu de sa hargne mais avec grâce si possible, distance, voire poésie. Tous ces trucs qu’on n’a pas compris, juste compris qu’on n’avait pas été à la hauteur – de l’amour, de l’amitié, de la confiance, bref, ces trucs – et puis ces morts et ces disparitions. Enfin tous ces trucs où l’autre, semble-t-il, n’a pas été très fiable, un peu fuyant caractériel manipulateur étouffant oppressant vindicatif accusateur traître (pas compréhensif). Tout ça. À laisser derrière.
Bonne année 2012 ! Laissons derrière les mots qui tuent et les images-tortures. Apprenons à créer.
… Oué, je sais. Un peu étrange comme façon de présenter ses vœux. Mais bon, Winnicott – lui-même ! – l’affirmait : pas de guérison possible sans désir créatif. Et, n’est-ce pas, que nous sommes tous malades ?...
* Coïncidence ahurissante (si si, attendez de voâr) : Interpol, dont je viens de lire la page Wiki, est située dans le 6e arrondissement de Lyon… où je suis née ! Les rêves sont la voie royale qui mènent à l’Inconscient, disait feu Freud… Et les associations, pas mal non plus…
Ça n'a rien à voir, j'ai adoré ce roman :
Un récit léger et irrévérencieux autour d'un sujet poignant - le très grand âge -,
un style original pour une histoire qui ne l'est pas moins.
Pour celles et ceux qui se réjouissent quand la plume de l'auteur-e s'envole peu à peu
vers des délires poétiques et macabres.