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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 22:47

Un p’tit billet comme j’aime en écrire de temps en temps : juste pour le plaisir d’écrire…

Je vis depuis plus de six mois maintenant dans un endroit que je trouve poétique. C’est un lotissement – ce qui a priori n’inspire pas la poésie – de chalets en plein bois – on s’en rapproche. Ce sont de tout petits chalets, tous construits de la même façon, sans prétention aucune. Pas des chalets pour gens riches, ni des résidences secondaires : la plupart des habitants y vivent au quotidien.  Malgré cela, on ne croise pas grand monde, dans les petites impasses, et l’on entend peu de bruit, à part les oiseaux en liberté, les oies du voisin, Piana la chienne, les chasseurs quand ils sont trop près, et un ou deux coups de scie par moments. Chacun reste dans son chalet entouré de son jardin couvert de feuilles de chênes comme un animal blessé pansant ses blessures : c’est cela, qui m’émeut, qui procure en moi une ambiance poétique. Tel voisin a tout perdu suite à une dépression, tel autre n’a plus trouvé la force de travailler après avoir accumulé de l’argent, tel autre a été trahi et viré de son emploi. Alors ils ont acheté un chalet ici : pas cher, si petit que cela a quelque chose de rassurant, d’éminemment intime, au milieu des arbres, des biches et des oiseaux. Et puis ils ont des chats, tous. Les chats sont silencieux et doux, ils aident à cicatriser. C’est un endroit plein de tristesse et de recueillement où les matous se pavanent et copinent, heureux et paisibles.

Hier, les miens et moi nous promenions tous les quatre, quand un type en tracteur m’a asséné : « Vous n’avez rien à foutre ici ! » Nous avions débordé du chemin forestier pour empiéter sur son champ. J’ai songé que mes chats, pourtant dans la mythologie humaine réputés excessivement attachés à leurs territoires, déployaient des trésors de savoir-vivre avec les autres félins du lotissement pour se partager jardins et bois. J’ai songé à cet étonnant bouquin de Werber, Le livre du voyage, qui ne me quitte pas. J’ai songé à cet endroit imaginaire que je me suis créé, suite à sa lecture : un endroit rien qu’à moi, dont je vous tairai le lieu et l’aspect bien qu’il ressemble en beaucoup de points à mon vrai chalet, mais en encore plus petit. Cet endroit dans ma tête, je m’y rends maintenant chaque fois que je veux m’échapper, chaque fois que je veux m’isoler et rêver ou penser, panser.  Je m’y rends même quand je suis à Paris, même quand je suis dans le métro ou sur un trottoir bondé, dans un univers qui ne me convient plus trop. J’aime bien.

 

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  • : Le blog d'une [entre autres] orthophoniste-nouvelliste-essayiste ET militante pour l'abolition de l'exploitation animale.
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