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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 21:55

Les militants pour la libération animale[1] s’impatientent. Ils n’en peuvent plus que malgré leur véganisme au quotidien, malgré leurs actions en veux-tu voilà la condition des animaux dans le monde ne fasse qu’empirer.  Alors ils organisent encore plus d’actions. Alors ils décident que chaque mois, ils créeront une action antispéciste : plus question de demander une amélioration des conditions de détention ou/et d’assassinat de tel ou tel animal plus ou moins émouvant pour le public, mais de revendiquer l’abolition ferme et définitive de toute exploitation d’un être sentient[2] ! Parce que JUSTICE, à la fin !!! Marre de la fermer par crainte de choquer le public et de se contenter d’exiger des mesurettes qui ne changent rien au schmilblick, voire le renforcent !


Les activistes de l’abolition cogitent ferme[3] : ils veulent de l’ef-fi-ca-ci-té. Les esclaves ne peuvent plus attendre. Rien que dans les deux minutes qui m’ont été nécessaires à pianoter ce début de billet, 200 000 animaux destinés à la nourriture humaine ont été rayés de la carte du monde, sans compter les poissons et autres individus marins[4], tellement plus nombreux !!! De quoi donner le vertige, non ? Pourquoi est-ce que mes doigts ne tapent pas plus vite ??? À l’heure actuelle, tout devient question de vie ou de mort…

C’est le moment que je choisis pour avoir un problème de pied. Du coup, je suis immobilisée : ne peux plus aller travailler, ne peux plus sortir, juste me poser et prendre le temps. Quelle chance inouïe ! Du coup, entre autres activités plus réfléchies, je m’attarde bien davantage sur les phrases des tracts, tente de me mettre à la place des passants qui voient ces gars et filles hurlant des slogans ou silencieux, des cadavres d’animaux dans les bras, puis découvrent un texte censé leur expliquer de quoi il est question, et pourquoi et en quoi et comment ils doivent dès maintenant, au plus vite, absolument, changer des choses qu’ils croyaient jusque là capitales dans leur existence.

C'est comme ça que j'en arrive à me livrer à un petit exercice critique : j'annote et modifie à ma convenance un laïus de présentation lu sur Facebook, concernant un tract qui devrait être distribué lors d'une action Deuil des Animaux qui aura lieu le 7 janvier à Toulouse (voir la page Facebook "Anim'ô Toulouse"). Je me dis que tiens, je ne savais pas trop quoi écrire comme article, cela pourrait donner matière à ! Nous y voilà.

Le tract, suivi de mes corrections… qui bien entendu, sont tout à fait critiquables :


parce que les animaux sont des êtres sensibles à la douleur et au plaisir
parce qu'il n'est pas nécessaire de les exploiter ni de les tuer pour vivre une vie heureuse et satisfaisante,
parce que les conditions de vie et de mort des animaux exploités, pour la très grande majorité d'entre elles, sont indignes d'une espèce censée posséder l'intelligence,
parce que les animaux sont actuellement considérés dans les textes de loi comme des objets,nous demandons l'abolition de toutes les formes d'exploitation animale telles que :

-l'élevage
-la pêche
-la vivisection
-la fourrure
-la chasse
-la corrida et tous les jeux aux dépens des animaux
-les cirques
-les zoo
Nous sommes des Vegan , c'est à dire des personnes qui, dans leur vie quotidienne, n'utilisent aucun produit d'origine animale ou ayant été testé sur les animaux (c'est simple et peu onéreux !)

et nous sommes heureux de ne pas contribuer au plus grand massacre existant et ayant jamais existé: celui des animaux non-humains.

Nous demandons LA LIBERATION ANIMALE par cette action mensuelle, qui se déroule simultanément dans de nombreuses autres villes françaises et étrangères.

Rejoignez -nous !

En gras, le texte ; en bleu, mes "apports" :


parce que les animaux sont des êtres sensibles à la douleur et au plaisir 
Je rajouterais : conscients. En fait, je préférerais : parce que les animaux que nous avons coutume d’exploiter sont des êtres conscients et sensibles à la douleur et au plaisir


parce qu'il n'est pas nécessaire de les exploiter ni de les tuer pour vivre une vie heureuse et satisfaisante,
Pourquoi ne pas s’arrêter à heureuse ?

parce que les conditions de vie et de mort des animaux exploités, pour la très grande majorité d'entre elles, sont indignes d'une espèce censée posséder l'intelligence,
Pourquoi « pour la très grande majorité d'entre elles » ? Par définition, « être exploité » est quelque chose d’insupportable.
Pourquoi ramener cette souffrance à la dignité humaine ou à l’intelligence ? Quel rapport ? Est-ce antispéciste que de se préoccuper d’abolir l’exploitation animale pour préserver son idée personnelle de la dignité et de l’intelligence ?
Pourquoi faire un hiatus entre espèces, si on est antispéciste ? Yves Bonnardel, dans Espèces et éthique, objecte qu’il faut en finir avec le terme d’espèce. Et ne met-on pas dans l’esprit du quidam que oui, nous sommes l’espèce intelligente, et pas les autres ?
Bref, un passage en trop. Ou alors, juste :
parce qu’aucun individu n’aime être exploité, juste après
parce que les animaux que nous avons coutume d’exploiter sont des êtres conscients et sensibles à la douleur et au plaisir

parce que les animaux sont actuellement considérés dans les textes de loi comme des objets,
Inutile ! On vient de dire bien pire, bien plus antispéciste. Cela diminue carrément la portée de message qui précède.

nous demandons l'abolition de toutes les formes d'exploitation animale telles que :
Enlever « telles que », qui donne l’impression que la liste n’est pas exhaustive alors qu’il y a « toutes » pour contredire cela.


-l'élevage
-la pêche
-la vivisection
-la fourrure
-la chasse
-la corrida et tous les jeux aux dépens des animaux
-les cirques
-les zoo


Nous sommes des Vegan , c'est à dire des personnes qui, dans leur vie quotidienne, n'utilisent aucun produit d'origine animale ou ayant été testé sur les animaux (c'est simple et peu onéreux !)
Pourquoi entre parenthèses ? N’est-ce pas important pour les gens ? Où sont, dans ce texte, les alternatives, les solutions positives concrètes proposées aux gens ? Du réel qui donne vraiment envie de passer des sentiments à l’action ?
Là, on a l’impression d’une secte - « Les Vegan » -, avec ce discours bien joli mais abstrait, avec aussi cette orthographe qui ne fait pas français en plus (je préfère véganes) : une secte qui vient d’où ? Des USA ? Et pourquoi ce « nous » qui sonne un peu fier, et sectaire, et instaure une distance avec « les autres » ?


et nous sommes heureux de ne pas contribuer au plus grand massacre existant et ayant jamais existé: celui des animaux non-humains.
Tant mieux pour vous !
Forcément : dans une secte, on se dit toujours « heureux ».
« Le plus grand massacre » : à ce point ? On veut des chiffres !


Nous demandons LA LIBERATION ANIMALE
On l’a compris. Mais comment est-ce possible ? Comment les chercheurs vont-ils soigner les cancers ? Comment vais-je pouvoir manger au travail ? Tout ça est bien abstrait. De grands mots pompeux dénonnectés. Un peu comme les discours des sectes.
Il manque des liens Internet !!!

par cette action mensuelle, qui se déroule simultanément dans de nombreuses autres villes françaises et étrangères.
Et par notre boycott au quotidien de la consommation issue de l'exploitation des animaux.

Rejoignez -nous !
J'enlève cette injonction, suite au commentaire de Coralie ! (voir les commentaires) 

 

Le tract remanié à la sauce Sandrine donne au final :


Parce que les animaux que nous avons coutume d’exploiter sont des êtres conscients et sensibles à la douleur et au plaisir
Parce qu’aucun individu n’aime être exploité
Parce qu'il n'est pas nécessaire d’exploiter ni de tuer des animaux pour vivre une vie heureuse

Nous demandons l'abolition de toutes les formes d'exploitation animale :
-l'élevage

-la pêche
-la vivisection
-la fourrure
-la chasse
-la corrida et tous les jeux aux dépens des animaux
-les cirques
-les zoo

Par cette action mensuelle, qui se déroule simultanément dans de nombreuses autres villes françaises et étrangères,
Par, au quotidien, notre refus de consommer tout produit issu de l'exploitation des animaux,

Nous œuvrons pour un monde qui prenne en compte les besoins élémentaires de tous les individus, même ceux des plus faibles et des plus « différents ».


***


Toutes les raisons de se positionner pour la libération animale : viande.info

Comment ne plus consommer de la souffrance animale : au début cela nécessite de faire attention à ses achats, et de modifier ses habitudes. Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Quantités de livres, de sites Internet et d’associations se font fort d’aider les apprentis véganes  – végane : qui refuse de consommer des produits issus de l'exploitation animale. Rapidement, le plaisir de consommer en conscience et sans nuire sera rejoint par celui de découvrir de nouveaux plats, de nouvelles marques, de nouveaux produits, tout aussi agréables que ceux auxquels on était jusqu’alors habitué-e.

 

***

 

J’ai pris connaissance de deux autres tracts présentant le mouvement abolitionniste : www.abolitionistapproach.com/media/pdf/ARAA_Pamphlet_French.pdf et vegan.fr/media/pdf/tract-emancipationanimale.pdf. Je ne vois rien à modifier (ou peut-être la pointe de québécois qu'on sent dans le deuxième, mais perso j'adore) ! Je les trouve juste parfaits (c’est louche).  Et vous ?

 

***

 

Tract nouvellement remanié suite à vos commentaires :


Parce que les animaux que nous avons coutume d’exploiter sont des êtres conscients et sensibles à la douleur et au plaisir
Parce qu’aucun individu n’aime être exploité
Parce que l'on peut mener une vie heureuse sans exploiter ni tuer d'animaux

Nous demandons l'abolition de toutes les formes d'exploitation animale :
-l'élevage
-la pêche
-la vivisection
-la fourrure
-la chasse
-la corrida et tous les jeux aux dépens des animaux
-les cirques
-les zoo

Par cette action mensuelle, qui se déroule simultanément dans de nombreuses autres villes françaises et étrangères,
nous œuvrons pour un monde qui prenne en compte les besoins et aspirations de tous les individus, même ceux des plus faibles et des plus « différents ».

Pourquoi et comment se positionner pour la libération animale : pense-bete.org

Et VOUS, qu'en pensez-vous ?...


[1] Ne pas confondre avec libération des mœurs, quoi que…

[2] [Pub !] Pour celles et ceux qui ont du mal avec certains termes, se reporter au glossaire de mon essai Le cri de la carotte.

[3] Cf le même ouvrage que chaudement recommandé en NBP2. Lire aussi le blogue Les questions composent.

[4] Calcul effectué d’après les chiffres de la FAO.

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 15:42

Ils ont des drôles d'idées, de l'autre côté de l'océan, dans le Montréal de mon enfance. Je comprends mieux pourquoi mes parents étaient fous du Québec, pourquoi ils sont rentrés finalement vivre en France avec beaucoup de regrets... Bref, un joyeux luron de l'Association Végétarienne de Montréal vient de mettre en ligne un top 10 (et plus) des végétariennes les plus intéressantes de 2011 ! Et devinez qui s'y trouve ?... Pour le savoir, un petit clic s'impose, ici :

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Après ce début d'article riche en émotions, je vous annonce que mon site [précision peut-être utile ? là on n'est pas sur le site mais sur le blogue ] a eu droit à pas mal de petites améliorations et enrichissements, histoire de démarrer tout beau tout revigoré ce nouveau cru annuel. Si le coeur vous en dit... un clic !
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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 14:24

[Un billet dans le même style que le précédent. Vous êtes prévenu-e-s !]

Depuis des années je rêve de temps à autre que j’ai tué de la manière la plus sadique, découpé et scié le cadavre en tout petits bouts, petits bouts jetés éparpillés dans diverses poubelles d'immeubles ou conservés à l'intérieur d'une boîte tout au fond d’une cave qui serait mienne. Cette nuit ma mère allait découvrir ce cadavre ; une fois de plus j’étais aux prises avec la terreur d’être démasquée, de soudain inspirer Le Dégoût tel un monstre de cruauté et de mensonge, et que ma courte existence s’achève dans une prison. Une fois de plus en plein cauchemar j’ai pris la mesure de mon passé, incrédule, ne parvenant pas à m’imaginer comment j’avais pu un jour (quand, d'ailleurs ?) m’acharner sur ce type, ni pourquoi. Au sortir du sommeil, j’ai mis plusieurs minutes avant de réaliser, de me souvenir que non, de pareil crime, je n’avais pas commis. 


… À moins que ?...
Des extraits de mes nouvelles que, avec d’autres personnes, j’interpréterai bientôt sur scène, ont resurgi : […] je ne sais pas pourquoi / je ne sais rien de moi / ma tête verrouillée / mon passé mis sous clé […][…] ils ne savent rien de moi […] …
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Pour qu’Interpol* me coffre enfin ? Pour que (tentative débile) cesse une bonne fois pour toutes cette montagne de culpabilité, ou bien pour déverser un peu dans l’écriture des décennies de fiel jamais craché sans compter cette année 2011, bon D. de m., vraiment à ch... [par certains côtés, d'autres ayant été magnifiques] ???

… Ou, peut-être, comme une longue introduction à ce qui va suivre : tant de rancœurs, de frustrations et déceptions, d’in-jus-tices ! qu’on aimerait pouvoir déposer là, sur le papier de verre bloguesque, histoire de se venger, d’étaler au grand jour ce qui selon nous ne va pas, nous a blessée et trahie. Ceux qui. Les salauds ! Les connasses ! Mais non. On ne dira pas. On ne révélera rien. On sait trop que salir les autres c’est se salir soi. Beurk. On aura fait une circonvolution de plus, hop là ! ni vue ni connue, à l’aise Blaise et tout le toutim, pour balançotter un peu de sa hargne mais avec grâce si possible, distance, voire poésie. Tous ces trucs qu’on n’a pas compris, juste compris qu’on n’avait pas été à la hauteur – de l’amour, de l’amitié, de la confiance, bref, ces trucs – et puis ces morts et ces disparitions. Enfin tous ces trucs où l’autre, semble-t-il, n’a pas été très fiable, un peu fuyant caractériel manipulateur étouffant oppressant vindicatif accusateur traître (pas compréhensif). Tout ça. À laisser derrière.


Bonne année 2012 ! Laissons derrière les mots qui tuent et les images-tortures. Apprenons à créer.

… Oué, je sais. Un peu étrange comme façon de présenter ses vœux. Mais bon, Winnicott – lui-même ! –  l’affirmait : pas de guérison possible sans désir créatif. Et, n’est-ce pas, que nous sommes tous malades ?...

 

* Coïncidence ahurissante (si si, attendez de voâr) : Interpol, dont je viens de lire la page Wiki, est située dans le 6e arrondissement de Lyon… où je suis née ! Les rêves sont la voie royale qui mènent à l’Inconscient, disait feu Freud… Et les associations, pas mal non plus…

 

Ça n'a rien à voir, j'ai adoré ce roman :

14705.jpgUn récit léger et irrévérencieux autour d'un sujet poignant - le très grand âge -,
un style original pour une histoire qui ne l'est pas moins.
Pour celles et ceux qui se réjouissent quand la plume de l'auteur-e s'envole peu à peu
vers des délires poétiques et macabres.

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 14:14

[Ceci est un petit texte scrabouillé en deux minutes comme on jette un trop-plein d'amertume pour repartir du bon pied.]

 

Il y a des jours où…
Je n’en peux plus, de toutes ses plaies entailles blessures accrocs griffures égratignures
Sans cesse panser penser, penser à la pensée de l’autre mais elle échappe sans cesse
Sans cesse expliquer s’expliciter se justifier faire valoir sa morale ses désirs son bon droit tout ça
Laisser des mots dans les conversations pour dire « moi je » pour dire j’existe…  je n’en peux plus
Laisser des mots comme des traces crasses qui pourraient se retourner subitement
Me sauter au cou et puis ces mots ne sont-ils pas, pour les autres qui eux aussi, s’acharnent à exister,
Des coups ?...
Tout ça en moi laisse des traces des sillons des horreurs comme des gros mots ineffaçables
Je voudrais depuis si longtemps le silence le froid les murs vides qui réparent
Des yeux de chats une conversation absente ou bien, juste pour la prosodie douce
Mais à la place,
Mais à la place :
Dans cette maison calme et glacée des chats blottis une mouche ne vole même pas
Mais le clavier cliquète et les messages affluent, de là-bas, de l’humanité
Les attaques, les interprétations, le manque de confiance, les kidnappings de mots pour mieux accuser,
Les joutes linguistiques sans fin, les contraintes oratoires, les manipulations immenses et les incompréhensions qui tuent
Qui me tuent.
À force.

 

[Ceci est une petite vidéo pour apporter tout de même un ton, heu, rigolo.]

Retrouvez toutes les vidéos du chat de Simon ici : www.simonscat.com/Films/

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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 18:27

 C'est ce que vous saurez en lisant mon article paru dans le tout nouveau tout frais tout beau dernier numéro d'Alternatives Végétariennes, qui vient d'être posté à ses abonné-e-s !

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... Bon, en fait, le voici aussi ici !


Pensée et langage

 

 Par Sandrine Delorme[1]


Dans le n° 103 d’Alternatives Végétariennes, David Olivier[2] s’interrogeait sur les liens entre langage verbal et pensée, et sur ce que nous pouvons en déduire quant à la valeur, ou même la simple existence, de la pensée chez les animaux non humains.


Comme lui, je suis d'avis que la pensée existe indépendamment de notre langage articulé. En tant qu’orthophoniste, je me suis formée à l’aide aux enfants souffrant de « troubles de la structuration de la pensée logique » et aux gestes mentaux que nous mettons en œuvre pour comprendre, mémoriser, imaginer, créer, déduire, anticiper, réussir... Dans mon métier, on rencontre des individus souffrant de pathologies linguistiques ; par exemple, tel enfant n’a pas acquis un certain stade de sériations logiques et a toutes les difficultés du monde à utiliser les expressions « plus que » et « moins que », mais il pense. De même, telle personne subit un accident vasculaire cérébral et  perd la capacité de mettre en mots sa pensée (aphasie) et pourtant, elle reste pleinement consciente, capable de réfléchir, bien que privée du langage oral comme écrit… Mais nul besoin de pathologie : qui ignore, à notre époque, que même le petit enfant qui au début de sa vie ne parle pas, pense ?


Par ailleurs, nous ne nous servons pas tous des mots pour créer des images mentales à partir d’une pensée. Entre autres travaux, ceux du philosophe et pédagogue Antoine de La Garanderie ont révélé que certains d’entre nous sont plutôt visuels, d’autres auditifs, d’autres encore, kinesthésiques. Parmi les visuels, certains traduisent leur pensée en mots écrits, d’autres en images, le tout en couleurs ou pas. Parmi les auditifs, certains entendent leur propre voix, d’autres celles d’une tierce personne, d’autre, une mélodie, etc. Certains sont à la fois visuels et auditifs, voire kinesthésiques ; ils ont besoin de tous les canaux.   


Oui, la pensée se construit et existe en l’absence de mots. Bien sûr, ces derniers ont l’avantage d’être de précieux outils qui permettent de manier aisément des opérations abstraites complexes. Mais leur absence ne signifie nullement une absence de pensée ! Tout comme leur présence ne garantit pas l’efficience de celle-ci : je pense à certains troubles dans lesquels la personne utilise un langage complètement déconnecté des émotions et dont les phrases syntaxiquement impeccables témoignent d’une pensée morcelée, éclatée – comme dans certains cas de schizophrénie.


Les émotions : domaine trop souvent méprisé par l’humain qui se veut exclusivement de raison et d’intellect. De plus en plus, les psychologues valorisent le Quotient Émotionnel, plus apte que le Quotient Intellectuel à rendre compte de la sérénité d’un être humain ;  plus celui-ci serait capable d’identifier ses propres émotions comme celles d’autrui, plus il parviendrait à se faire une belle place dans la vie. Or, les animaux non humains sont bien davantage connectés aux émotions que les animaux humains : la flopée de mots dont nous sommes si fiers (tout comme nos conventions psychosociales) les recouvrent, les masquent, s’acharnent à les faire oublier… bien souvent à notre détriment.  Ainsi, les mots ne sont pas uniquement des outils ; ils sont aussi des entraves ; bien souvent, ils nous empêchent de vivre en paix, c’est-à-dire de nous adapter correctement aux exigences de notre milieu en respectant le mieux possible nos désirs…


Soyons humbles : si nous avons les mots, les autres animaux ont eux aussi des outils de communication tels le sonar ou l’émission de signes qui nous échappent et dont nous ne pouvons avoir une représentation satisfaisante. Par ailleurs, n’oublions pas que dans une situation conversationnelle, les informations essentielles ne sont véhiculées que pour une part infime par les mots : entre 15 et 30% ! Les gestes, la respiration, la prosodie, le rythme, les mimiques, etc., sont une mine de renseignements pour l’interlocuteur, à tel point qu’il pourra retenir du discours de l’autre tout à fait le contraire de ce qu’escomptait faire passer celui-ci via ses mots…
Les compagnons des chiens et chats – pour ne citer que ces animaux – ont moult fois expérimenté que leur ami à quatre pattes les comprenait malgré l’absence d’énoncé verbal. Pour ma part, dès que j’enfile mes bottes de caoutchouc, mes trois chats savent que le moment privilégié d’une promenade avec eux se profile ; ils se précipitent dans leur chatière pour débouler sur le perron de la maison où, alors, ils m’attendent avec des regards ardents[3].

 

En ce qui concerne nos relations avec les animaux, il nous faut donc rechercher des modalités de communication communes qui dépassent notre langage articulé.[4]



[1] Sandrine Delorme : orthophoniste, nouvelliste (N’aie jamais d’enfant, L’Entière Vérité), essayiste (Le cri de la carotte, Militer permet de…) et militante pour la libération animale. Son site Internet : http://www.afleurdeplume.com

 

[2] David Olivier : militant antispéciste, auteur de nombreux articles, notamment dans Les cahiers antispécistes, conférencier. Son site Internet : http://david.olivier.name/fr.html

 

[3] Leur comportement assez « chien » vient sûrement du fait que depuis leur plus jeune âge, je consacre énormément de temps à communiquer avec eux, par le biais de câlins et jeux. Ainsi en sommes-nous arrivés à nous balader régulièrement tous ensemble, dans une zone naturelle protégée qui entoure l’endroit où nous passons nos vacances.


[4] Petite anecdote personnelle : depuis un stage de communication animale avec la militante Jodi Ruckley , j’ai décidé de moins parler à mes chats et d’entrer en communication avec eux par le biais d’images photographiques ; un jour, j’ai surpris ma chatte Twelvie en train de m’observer d’un air morne, plein d’ennui voire de nostalgie. Je m’appliquai alors à lui transmettre mentalement l’image du chalet alpin où elle aime passer les vacances avec moi, afin de lui suggérer ce lieu paradisiaque. Alors, elle est venue se coucher près de moi, toute ronronnante, ce qui ne lui arrive jamais en-dehors de ce chalet.

 

Initialement, je parlais aussi dans mon article de la relation entre pensée, langage et souffrance. Comme mes propos étaient largement inspirés de ma lecture de  Fondements éthiques pour une alimentation végétarienne  (que je cite pas moins de 13 fois dans Le cri de la carotte, m'avait fait remarquer mon éditeur !), il a été finalement décidé d'enlever mon laïus sur la souffrance et d'ajouter à la suite de mon texte des extraits de cet excellent ouvrage de Helmut F. Kaplan, extraits que vous pourrez découvrir... ben, dans Alternatives Végétariennes !

 

À ce propos...

 

Non contente de vous avoir listé cet été "plus de cinquante (excellentes) raisons pour passer de l'indignation à l'action !", j'ose maintenant vous suggérer trois (bonnes) raisons d'adhérer à l'Association Végétarienne de France, héééééééé oui !

 

1 - En adhérant à l'AVF, vous recevrez la revue Alternatives Végétariennes. Elle vous apportera des infos utiles (santé, gastronomie, décrets gouvernementaux, actions...), en plus de réflexions de fond.    


2 - Si vous êtes végéta*ien, végane, c'est un moyen essentiel d'augmenter notre représentativité politique. Et ce, quelle(s) que soi(en)t, par ailleurs, la ou les assos au sein de la ou desquelles vous militez [éventuellement] !


3 - C'est une façon de contribuer à défendre la liberté de penser en France. Si l'on est végé et français, on se doit de réagir contre le fameux décret inepte et de, tout de même ! ne pas laisser un Anglais tel que Paul Mc Cartney s'insurger seul contre Bruno Le Maire Plus d'infos : www.icdv.info

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 19:14

[Rupture momentanée de pause.]
Après une dizaine de jours vide de tout contenu puis plutôt mal en point, mon site d'auteure est enfin remis sur pieds... ou plutôt, sur pattes et plumes !

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En espérant qu'il ne se fera plus cyber-attaquer, je propose à celles et ceux qui le désirent de se réinscrire à sa lettre d'informations car toutes les données ont été définitivement effacées, dans la bataille...

Amitiés littéraires zet militantes.

Sandrine

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 14:03

[Rupture momentanée de pause.]

Mon site est toujours en rade, le massacre des moutons a commencé,

 

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celui des canards et oies est en cours, mon chéri refuse que je customise notre voiture de pied en cap ou plutôt des roues au toit avec tous les autocollants de L214, et selon Le temps de la décroissance, de Serge Latouche et Didier Harpagès, mon impression de fin du monde qui ne me quitte plus depuis quelques mois n’emprunte rien au délire : nous vivons actuellement l’extinction de toutes les espèces, dont bien évidemment la nôtre, et d’ici à peine six décennies, trois crises majeures successives auront très probablement raison du peu qu’il nous en reste.

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Un ouvrage acheté dans la librairie Résistances, qui regorge d'essais top.
D'ailleurs, on peut par exemple y acheter Militer permet de... !

 

Haut les cœurs ? Certains paisibles herbivores ont été, hier, sauvés in extremis, et peuvent désormais espérer une existence heureuse ;

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Quelques rescapés de l'Aïd, recueillis en région parisienne
dans la maison de BB devenue un refuge de sa Fondation.


peut-être quelques actions, telle celle de l’an dernier, feront-elles prendre conscience à des Français actuellement abreuvés de publicités radio et télé pour le foie gras de la Saint Martin, de la récente récupération de cette fête au profit de l’enrichissement des professionnels d’une torture de plus en plus décriée ; un intellectuel musulman, comme d’ailleurs d’autres Musulmans de mon entourage, et très sûrement beaucoup et beaucoup d’autres, tient un discours d’une grande sagesse à propos de la non-nécessité d’égorger des moutons pour l’Aïd ;

 

 

L214 passe sur France 3 avec un message non dévoyé par la gent journalistique (merci !) ;

 

 

je découvre sur Facebook de nouveaux messages me remerciant pour le regain de moral que je procure aux militant-e-s de la libération animale par l’intermédiaire du  Cri de la Carotte

Alors, que penser ? Se serrer les coudes, créer, inventer, réinventer, mettre de la vie alors que celle-ci, de toutes parts, se délite et s’enfuie. Vive le 19 novembre prochain ! Je me réjouis de retrouver, après un temps qui me paraît soudain infiniment long, des ami-e-s de combat, des ami-e-s aux idées similaires et émotions en accord, vive le 19 pour une action anti batteries de poules pondeuses et pour un tractage du tonnerre lors de la MCLF. Vive, aussi, le 26 puis le 10 décembre, jours de prochaines répétitions pour :

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Affiche réalisée par ma chère IV !

J’en profite pour lancer un appel : nous - la compagnie des À Fleur de Plume - sommes pour le moment toujours en quête de quelqu’un-e qui pourrait nous prêter deux micros sans fil et une table de mixage. Avis à la population … ;o)

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 14:48

[Rupture momentanée de pause.]

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C'était, ce mardi 1er novembre, oh quelle coïncidence intéressante, la journée végane mondiale, en plus d'être le jour des morts. Gilles et moi en avons profité pour allier cet hommage aux défunts avec plaisir et militantisme - tant qu'à faire, hein ! Nous avons donc chaussé nos rolleurs direction le bois de Boulogne...
Sur le chemin de notre domicile au dit bois, chemin qui consiste en une traversée de vingt-cinq minutes dans Paris, collages d'autocollants aux abords de quatre écoles (et d'une crèche) :

 

  Fourrure, Stop à la torture ! - J'aime me faire exploiter, mutiler et manger ! Arrêtez de croire aux contes de fées, Manger de la viande tue - Deviens un ami des animaux, Ne va pas au cirque ! -

Pour des cirques sans animaux - Vous aimez les lapins, mangez des carottes !PXR_2011-11-01-10.01.25.jpg

 

Du foie gras ? Ca va pas la tête ! - L'abattoir, une vraie boucherie ! Devenez végés ! -
Etc. : autocollants anti-viande commandables dans la boutique de L214.

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Dans le bois, enfilage de tee-shirts L214 pour quelques photos qui, je l'espère, pourront donner des idées d'achat utile aux visiteurs-teuses de mes albums "défilé de mode" Facebook.
Exemple de photo (un peu floue du fait de la pluie !) :

PXR 2011-11-01 11.17.26

 

A part ça, mon beau site vient d'être victime d'un "hacker". J'espère que son hébergeur réussira à le remettre sur pieds !...

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 22:17

Parce que je travaille à la création d'un spectacle...

Parce que je me lance dans l'écriture d'un roman...

... je vais devoir délaisser la publication de billets, pour une durée indéterminée...

 

Mais rassurez-vous, ô mes lecteurs et lectrices ! vous pourrez continuer à vous tenir au courant :
- des actualités concernant la libération animale, via, entre autres, les liens de ce blogue ;
- de mon actualité d'auteure, sur mon site (tout rénové !)  À Fleur de Plume (n'hésitez pas à vous inscrire à sa lettre d'info) ou / et sur ma page Facebook Le cri de la carotte. 

 

En guise de "ce n'est qu'un au revoir", j'offre à ce petit blogue - ainsi qu'à vous... si vous ne la connaissez déjà ! - cette vidéo d'une conférence fantastique...

 

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 20:27

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Article écrit ce jour sur Facebook par Christophe Marie :

 

Le 8 octobre 2011, nous étions près de cent militants venus d'un peu partout, y compris de Belgique, pour former une résistance citoyenne à la torture animale.

 

Ce jour là, 6 veaux devaient être torturés à mort dans les arènes de Rodilhan (à quelques kilomètres de Nîmes) lors de la finale des "graines de toréros"... Ces jeunes tortionnaires allaient se livrer à une becerrada, corrida pratiquée sur de jeunes animaux qui, ne comprenant rien de ce qui leur arrive et sous la douleur des banderilles qui déchirent leur chair, hurlent et appellent leur mère.

 

Donc, ce 8 octobre nous étions une centaine prête à affronter la violence dans l'espoir de mettre à mal cette boucherie immonde au cours de laquelle tout le sadisme, la perversité et la cruauté des hommes est déployée contre des jeunes animaux qui n'ont absolument aucun moyen de s'opposer.

 

Deux groupes étaient formés, l'un dans les gradins pour déployer des banderoles et faire diversion, l'autre devant sauter sur la piste pour s'enchaîner et tenter d'empêcher le spectacle de mort.

 

Très vite, tout s'est enchainé, les banderoles, le saut dans l'arène (plus de deux mètres mais avec l'adrénaline personne n'a reculé devant l'obstacle), l'opposition, la résistance !

 

Le mot d'ordre : ne pas répondre aux provocations ni aux coups... Alors la haine des barbares s'est montrée avec toute sa férocité, sa violence à l'encontre des animaux bien sûr mais aussi des militants sans aucune défense et qui ont été roués de coups.

 

Pendant que nos camarades aux banderoles se faisaient molester dans les gradins, sur la piste, enchaînés, impuissants, nous recevions tour-à-tour des coups de poings, de pieds, des gifles, des crachats... Face à moi une jeune fille s'est retrouvée violentée avec deux sadiques venus lui déchirer ses vêtements, arracher son soutien-gorge, l'asperger d'eau comme nous tous, militante qui sous les coups, les gestes obscènes, est restée d'une dignité exemplaire.

 

La pagaille générale a permis également aux aficionados de voler ou casser des portables, des caméras mais aussi de molester le cameraman de France 3 qui a très vite été éjecté hors des arènes.

 

Nous sommes restés soudés pendant 20 minutes au cœur des arènes, 20 minutes d'une folie qu'aucune image ne pourra retranscrire car la haine, la véritable haine, nous arrivait comme une vague du public en même temps que les coups. Face à moi, dans les gradins, plusieurs spectateurs tenaient leur poing devant, pousse baissé, pour signifier aux autres que le sacrifice pouvait commencer.

 

Car le plus monstrueux peut-être est qu'il n'y avait aucune empathie, je n'ai entendu personne pour dénoncer ce qui était en train de se passer dans cette arène, non, que des encouragements et des appels au meurtre. Le vrai visage de ces gens étaient visibles alors, ceux là-même qui prétendent qu'il vaut mieux défendre les hommes que les animaux sont prêts à torturer et, si besoin, à tuer des êtres humains dès lors que ces derniers ne peuvent se défendre.

 

Après 20 minutes quelques chaines ont été coupées, alors la violence a redoublé d'intensité, nous avons été trainés en groupe, certains écrasés sous d'autres, tirés par les bras, les jambes, par les cheveux comme je l'ai été, nos chaînes nous coupant la respiration. Mis à l'écart les coups sont arrivés de partout à la fois et les gendarmes ont assuré le strict minimum, enfin, il serait plus juste de dire qu'ils n'ont rien assuré du tout car ils n'étaient visiblement pas là pour nous protéger mais pour laisser faire.

 

A la sortie le spectacle était apocalyptique, nous ressemblions tous à des zombies, blancs de poussière, boitant, comparant nos blessures mais pas peu fiers d'avoir pu troubler ce spectacle de pure barbarie.

 

Certains des militants ont fini aux urgences, tous ont été violentés d'une manière ou d'une autre, mais cet acte de résistance doit aujourd'hui servir à montrer ce que nous n'avons plus le droit d'accepter car malgré notre action, malgré les coups et le reste, 6 veaux ont été torturés à mort à Rodilhan sous les applaudissements et la joie d'une foule enivrée de violence, pas seulement de violence...

 

Les jeux du cirque ce n'est plus tolérable en 2011, ce n'est plus acceptable ou alors cela signifie que l'homme est toujours un barbare... Le 8 octobre 2011, dans les arènes de Rodilhan, il n'était pas permis d'en douter.

 

La  vidéo :

Ecrivons en masse à la mairie et à la préfecture de Rodilhan pour faire part de notre indignation :

Mairie : mairie@rodilhan.fr
Tél 04 66 20 08 91

Préfecture : contact@gard.pref.gouv.fr

 

Enfin, n'hésitez pas à retourner faire un p'tit tour sur www.patrimoine-corrida.fr/ ;

depuis fin septembre, il y a du nouveau sur ce site.

 

Aucun mot sur le tabassage des militants et violences sexistes dans Le Midi Libre !!!

Indignons-nous encore :


www.midilibre.fr/2011/10/09/dma-un-colombien-gagne-graine-de-toreros,399840.php


www.midilibre.fr/contact.php


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